Deux théologiens de la JOC lilloise : Pierre Tiberghien et Palémon Glorieux
Stefan Gigacz
Deux théologiens lillois de premier plan, Pierre Tiberghien et Palémon Glorieux, ont contribué au développement de la JOC et de l’Action Catholique Spécialisée.
Nous rappellerons ici dans une première partie le contexte historique français qui a influencé le fondateur de la JOC, Joseph Cardijn, et les liens que celui-ci a tissés avec Lille, comme autant de prémisses à la fondation du mouvement. Nous considérerons alors le rôle qu’a joué Mgr Pierre Tiberghien qui, après un long engagement d’aumônier au sein de l’Association Catholique de la Jeunesse Française (ACJF), a accompagné la transformation de cette dernière en une fédération de mouvements spécialisés. Nous examinerons enfin la contribution de Mgr Palémon Glorieux, aumônier fondateur de la JOCF, théologien du mouvement et bientôt recteur de l’Institut Catholique de Lille.
I. Cardijn, Lille et les sources de la JOC : de Lamennais au Sillon
Comme le rappelait le cardinal Achille Liénart, évêque de Lille, Cardijn a largement puisé aux sources françaises : « Il avait revu l’histoire de tous les mouvements antérieurs, leurs élans et leurs faiblesses : l’Avenir, Montalembert, de Mun, les Cercles ouvriers, le Sillon, l’ACJF ».1
De fait, Cardijn cite souvent l’influence de Félicité de Lamennais (1782-1854), fondateur en 1830 du journal L’Avenir, qui projetait une vision de l’Eglise fondée sur la liberté et sur une alliance d’inspiration évangélique avec le peuple – particulièrement avec les pauvres.
Bien que le Pape Grégoire XV ait condamné en 1832 certains des écrits de Lamennais, son influence restait vive grâce à ses nombreux disciples. Charles de Montalembert, par exemple, une figure de premier plan du laïcat catholique, a eu un impact considérable en Belgique en se faisant l’avocat, au Congrès Catholique de Malines de 1863, d’une « Eglise libre dans un Etat libre ». C’est un autre proche de Lamennais, Henri Lacordaire, qui a, en 1837, rétabli l’ordre dominicain en France, et nous savons les relations étroites que celui-ci allait entretenir avec la JOC. C’est avec Frédéric Ozanam, fondateur de la Société de Saint Vincent de Paul – certes trop jeune pour rejoindre les groupes des disciples de Lamennais, mais dont le père, Jean, était abonné à « l’Avenir » – que le même Lacordaire, au cours de la “Révolution des ouvriers » de 1848 devait participer au lancement d’un nouveau journal, l’Ere nouvelle, qui, comme son prédécesseur, cherchait à « réconcilier » l’Eglise avec le monde industriel et démocratique naissant du 19ème siècle. Le fait qu’Ozanam soit devenu l’un des tout premiers avocats d’un « apostolat laïc » conçu comme le « rôle spécifique des laïcs pour la transformation du monde dans la perspective de l’Evangile » est, à ce point de vue, significatif. D’ailleurs, à Lille même, ce sera un des disciples d’Ozanam, Philibert Vrau, qui posera les fondations d’un premier système de santé et contribuera à la création d’une université catholique.
Le philosophe lillois Alphonse Gratry est autre lien avec le Nord de la France que Cardijn cite comme l’une des sources majeures de son inspiration. Celui-ci, dès 1864, parlait des « signes des temps », et, en précurseur du « voir-juger-agir » de Cardijn, proposait une approche inductive en trois étapes faite de la compréhension de la réalité suivie de la réflexion et du processus de décision.
Léon Ollé-Laprune, autre disciple d’Ozanam et professeur de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure, s’était chargé de développer les idées de Gratry. Retravaillant la réflexion d’Aristote sur le « processus d’une prise de décision avisée », il écrivait, en 1896, qu’il fallait « voir clair, juger bien et conclure » avant d’entreprendre toute action permettant de s’attaquer aux problèmes de société.
C’est dans ce contexte que Marc Sangnier et un groupe d’étudiants du Collège Stanislas avaient commencé de créer à Paris des « cercles d’études » qui combinaient l’approche inductive de Gratry et Ollé-Laprune avec les méthodes d’enquête sociologique de Frédéric Le Play (1806-1882). Ils avaient alors lancé le magazine Le Sillon qui allait donner son nom au mouvement qui naîtrait de leurs cercles d’étude avec pour objectif de bâtir une démocratie à partir de la base en développant la « conscience et responsabilité » de chacun. Vingt ans plus tard Cardijn adoptera cette « méthode d’éducation démocratique » comme base pour la méthode du « voir-juger-agir » de la JOC.
Liens personnels avec Lille
Cardijn a entretenu de nombreux liens personnels avec Lille. Ils ont débuté au cours de l’année 1903, lorsqu’au séminaire il a commencé de correspondre avec l’abbé Paul Six qui diffusait les idées du Sillon dans le magazine La démocratie chrétienne qu’il avait créé en 1894 avec l’abbé Gaston Vanneufville.2 Ce magazine présentait régulièrement des articles sur les progrès du mouvement de Sangnier ; c’est peut-être par lui et par l’abbé Six que Cardijn a découvert le Sillon3
Lors d’un important discours reproduit dans La Démocratie Chrétienne, Sangnier expliquait la différence entre le Sillon et son rival conservateur, l’Association catholique de la jeunesse française (ACJF), qui avait été fondée en 1886 par Albert de Mun. Alors que l’ACJF visait « tous les éléments de jeunesse catholique » et « tous ses groupements », le Sillon, soutenait Sangnier, cherchait à atteindre « l’élite de la jeunesse ouvrière » et à opérer comme « un seul groupement » basé sur des cercles d’étude. Le Sillon désirait rejoindre un large public fait d’hommes, femmes, et d’enfants de tous les âges – y compris de ceux et celles que l’on considérait comme des « adversaires ». En revanche, expliquait Sangnier, l’ACJF en tant que service pour les jeunes, ou œuvre, n’offrait aucune structure spécifique pour exercer une quelconque influence sur les « milieux hostiles ».4
Bien que Sangnier ne l’ait pas mentionné pas dans ce discours, l’ACJF rejetait aussi la méthode d’enquête de Le Play, trop « sociologique » et incapable d’accorder une place suffisante à la doctrine de l’Eglise. D’une manière générale, dans la terminologie de l’époque, l’objectif de l’ACJF était de « défendre » l’Eglise plutôt que d’aller vers ceux qu’elle ne rejoignait pas.
Tandis qu’à Paris le Sillon se développait indépendamment de l’ACJF, à Lille il naissait à partir des différentes tendances existantes à l’intérieur du vieux mouvement. Ainsi, dès 1904, le journal A la Voile, qui était au départ un magazine de l’ACJF, commençait à se présenter comme l’ « organe régional du Sillon du Nord. »5. A la même époque, de l’autre côté de la frontière, Cardijn prenait contact avec une équipe du Sillon à Liège, dans l’attente enthousiaste du lancement du mouvement en 1906 dans son diocèse de Malines. L’année suivante, à l’été 1907, son professeur de sociologie de Louvain, Victor Brants, un disciple important de Le Play, l’envoyait accomplir un voyage d’études à Lille et dans le nord de la France. Pour la première fois, il y rencontrait Six et d’autres représentants de premier plan du mouvement social, y compris Léon Harmel, et il avait l’occasion d’y visiter les cercles d’étude du Sillon : « A Lille et à Roubaix, nous eûmes la joie d’assister à des réunions de cercles d’études du Sillon, devait rappeler Cardijn à Sangnier, où nous vîmes ces jeunes gens, ces étudiants, ouvriers et employés, s’aimant plus que des frères, s’entraidant à affiner leur conscience et à exercer leurs responsabilités. »6
Au cours de ce voyage Cardijn s’était procuré un exemplaire du livre Vie et doctrine du Sillon de Louis Cousin, et il avait participé à la Semaine Sociale d’Amiens où il devait rencontrer Marc Sangnier et les autres responsables du Sillon.
Cette période est aussi celle de l’accroissement des difficultés du Sillon avec l’Eglise. En fait Mgr François-Marie-Joseph Delamaire, archevêque coadjuteur de Cambrai, dont Lille dépendait à cette époque, avait commencé à reprocher au Sillon de « pousser des mineurs en politique et de limiter le champ d’action de l’Eglise », d’entretenir une « crainte malsaine des empiètements de l’autorité religieuse » et de participer à une « propagation inconsciente mais réelle du mouvement socialiste. »7. Pour Delamaire, la solution était que les dirigeants du Sillon agissent désormais « comme le soldat dans le rang, face au feu de l’ennemi, et sous les ordres donnés ».8 Sangnier chercha en vain à répondre aux attaques de Delamaire, mais celles-ci marquaient pour le Sillon le début de la fin.
Tous ces événements faisaient les gros titres de la presse catholique. Presque immédiatement Cardijn avait été rappelé à Bruxelles où le cardinal Mercier mit fin à ses études universitaires pour l’envoyer enseigner le latin dans un petit séminaire rural où il resta jusqu’en 1912.
Vanneufville travaillait alors à Rome pour le journal catholique français La Croix. Il s’efforça en vain d’intercéder en faveur du Sillon. Mais le 25 août 1910 le Pape Pie X envoya un courrier aux évêques français pour condamner les doctrines et méthodes démocratiques du mouvement, appeler Sangnier et les autres responsables à démissionner et à mettre le mouvement sous le contrôle des autorités diocésaines. De fait les responsables du Sillon ont alors démissionné mais bien peu ont accepté de travailler sous le contrôle des évêques, ce qui a abouti à la disparition du mouvement.9 Cardijn, providentiellement isolé, échappa à cette campagne d’épuration.
On le voit alors, nouvellement nommé vicaire en 1912 à la paroisse Notre Dame de Laeken près de Bruxelles, commencer de travailler en étroite collaboration avec deux personnes formées aux méthodes éducatives du Sillon : une militante syndicale, Victoire Cappe, et le jeune Fernand Tonnet alors âgé de 17 ans. Une première tentative que la guerre vint rapidement interrompre.
En 1919, Cardijn et Tonnet relancent un mouvement spécialement destiné aux jeunes travailleurs sous le nom de Jeunesse Syndicaliste (JS) tandis que Cappe et quelques autres lancent Joie et Travail, un mouvement parallèle pour les jeunes travailleuses. Epousant la vision et les méthodes du Sillon la JS évolue pour devenir la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Celle-ci se développe rapidement et entre bientôt en tension avec l’équivalent belge de l’ACJF, l‘Action Catholique de la Jeunesse Belge (ACJB), qui avait été fondée en 1912, reproduisant ainsi les tensions qui s’étaient manifestées en France entre le Sillon et l’ACJF.
En 1922, à la suite d’une série de conflits virulents où le nouveau mouvement de Cardijn était accusé de « diviser le corps du Christ » sur des bases de classes sociales, la JS accepta finalement de rejoindre l’ACJB à la condition qu’elle puisse y maintenir son autonomie interne. Cardijn a été très certainement en contact avec ses amis de Lille tout au long de cette époque, même s’il n’en reste que peu de renseignements. Ce qui est sûr c’est que les évolutions au sein de l’ACJB n’ont pas échappé à l’attention de l’ACJF, particulièrement à Lille.
Lorsque le cardinal Mercier menaça la JOC de dissolution en 1924, Cardijn fit directement appel au Pape Pie XI. Marguerite Fievez, biographe de Cardijn, porte au crédit de Vanneufville, qui travaillait alors à Rome, le fait qu’ait pu se réaliser cette rencontre historique avec Pie XI qui, contre toute attente, approuva le nouveau mouvement avec enthousiasme. Le fait qu’un mois plus tard, en avril 1925, l’abbé Six ait participé au premier congrès national de la JOC à Bruxelles est à coup sûr un signe de l’importance des relations qui existaient entre Cardijn et Lille à cette époque.
En 1928 le même Vanneufville joua un rôle essentiel dans la nomination d’Achille Liénart qui avait collaboré au Sillon durant ses études à Paris, à l’évêché de Lille.10 Et c’est encore Vanneufville qui, en 1935, aida Cardijn à obtenir des lettres du Secrétaire d’Etat, le Cardinal Eugenio Pacelli, et une lettre autographe du Pape Pie XI pour la reconnaissance de la JOC comme mouvement d’ « Action Catholique Authentique »11
Vanneufville était l’un des trois prêtres de Rome connus sous l’appellation des « trois italiens de Tourcoing ». Tous trois avaient fait leurs études secondaires au collège du Sacré-Cœur de Tourcoing et appartenaient au tiers-ordre franciscain.12 Le second d’entre eux, Mgr Jules Tiberghien (1867-1923), avait étudié à Rome et exercé diverses responsabilités au Vatican dans le domaine social et international.13 Le troisième, Mgr Louis Glorieux (1867-1925), y était devenu le correspondant du journal La Croix. Solide partisan du Sillon, il avait servi d’interprète à Marc Sangnier lors de sa première rencontre avec le Pape Pie X en 1903.14
Si Cardijn avait développé une solide amitié avec Vanneufville, les deux théologiens dont nous allons parler, Pierre Tiberghien et Palémon Glorieux, entretenaient des liens encore plus proches avec Jules Tiberghien et Louis Glorieux qui leur étaient directement apparentés.
2. Pierre Tiberghien (1880 – 1963) : du Sillon et de l’ACJF à la JOC
Compte tenu des liens de longue date entre Cardijn, les pionniers de Lille et les « italiens de Tourcoing », il n’est guère surprenant que l’aumônier de l’ACJF Pierre Tiberghien se soit personnellement intéressé aux progrès de la JOC. Né à Tourcoing, il y avait aussi fait ses études secondaires au collège du Sacré-Cœur avant d’entrer au séminaire Saint Sulpice à Paris en 1901. Il s’était rendu ensuite à Rome pour y passer une licence en études bibliques et un doctorat en théologie, exactement ce qu’il fallait pour l’introduire dans le cercle de ses compatriotes tourquennois.15
Tiberghien a été ordonné en 1906 – la même année que Cardijn. Il a commencé en 1908 une longue carrière de quarante-sept ans d’enseignement de théologie morale et de philosophie aux facultés catholiques de Lille. Cette même année inaugurait pour lui une collaboration avec Eugène Duthoit pour l’organisation des « Semaines Sociales » récemment fondées.16 Il jouera plus tard un rôle essentiel d’enseignant à l’Ecole Missionnaire du Travail, où l’abbé Henri Godin, fondateur de la Mission de Paris, devint l’un de ses protégés favoris.17
Bien qu’attiré par la pensée de Maurice Blondel, un disciple d’Ollé-Laprune et de Gratry, qui entretenait des liens étroits avec plusieurs responsables du Sillon, Tiberghien a continué de considérer que Saint Thomas d’Aquin était « le philosophe le plus approprié à notre temps. »18. Il avait été témoin des progrès du Sillon dans son entourage : « Grand ami de Mgr Six et des disciples que celui-ci avait formés… il faisait, par toutes ses affinités avec les abbés dits démocrates, partie de ce qu’on appelait alors, l’âme du Sillon », rappelle Pierre Bayart.19
Il a plus tard défini le Sillon comme « le premier essai par des Catholiques ayant pris conscience que la Chrétienté était définitivement révolue et qu’on était entré dans les Temps Modernes ». » Ses éloges n’étaient pourtant pas sans nuances : « A cette hardiesse de vues manquait une théologie sûre qui lui aurait permis de se développer sur son propre terrain, en acceptant audacieusement de porter les responsabilités et les risques de son autonomie », regrettait-il.20
Tiberghien avait écrit un article intitulé Dépendance et Liberté pour chercher des solutions aux difficultés que le Sillon rencontrait avec les évêques : « On voit, écrira plus tard Pierre Bayart, que cet article était, de la première à la dernière ligne, un plaidoyer en faveur de la solution qui était déjà celle de l’ Action Catholique »21. Il avait espéré que le Sillon accepterait de se soumettre à la « dépendance » envers la hiérarchie, et regretta sa disparition à la suite de la lettre de Pie X.22 Au mois d’août 1910, il est nommé aumônier de l’ACJF de Cambrai par Mgr Delamaire23. Il conserve ce poste en 1913 dans le diocèse de Lille nouvellement créé – jusqu’en 1944, sauf au cours des années de la Première Guerre mondiale.
Avant même la dissolution du Sillon de nombreux membres de l’ACJF avaient adopté quelques-unes de ses méthodes, y compris celles des enquêtes sociales à la manière de Le Play. En collaboration avec le président de l’ACJF de Lille, Adolphe Delmasure (1890-1978), Tiberghien s’est efforcé de faire évoluer l’ACJF en direction de l’approche sociale du Sillon. Tout en préservant la trilogie « Piété, Etude, Action » de l’ACJF il mettait de plus en plus l’accent sur l’étude et l’action et, comme précédemment le Sillon, accordait, à partir de 1920-24, une priorité croissante à la jeunesse ouvrière, sans toutefois lui réserver un mouvement séparé.24
Tout cela se développait en parallèle avec l’émergence en Belgique, à partir de 1919, de la Jeunesse Syndicaliste (JS) qui devait rejoindre l’ACJB et devenir la JOC. Compte tenu des liens qui existaient entre Cardijn, Vanneufville et Six, Tiberghien doit avoir eu connaissance de ces développements. Même s’il semble avoir initialement partagé les réticences de l’ACJF envers la JOC.
La JOC: transformer le milieu
Tout devait basculer au mois d’août 1926 alors que Tiberghien participait en Belgique à la Seconde Semaine Nationale d’Etude de la JOC. Cette participation s’est avérée être une si profonde « histoire de conversion » qu’il a, à partir de là, divisé sa vie en « deux temps, l’un avant, l’autre après le lancement de l’Action Catholique par Cardijn. »25
« La base de l’Action Catholique telle que l’a conçue et lancée Mgr Cardijn, écrira plus tard Tiberghien, c’est la découverte des milieux de Vie ». C’est ce qui a fourni la base organisationnelle pour le développement de l’Action Catholique Spécialisée. « Il constata – et ce fut là sa découverte originale – l’immense importance du milieu de vie pour assurer l’épanouissement humain … J’entends encore, comme aux premiers jours, les paroles ardentes de Cardijn nous mettant en face des jeunes travailleurs/ses qui, sortant de l’école et plongés d’un seul coup dans un milieu de vie auquel ils n’étaient pas du tout préparés, s’y dégradaient au lieu de s’y épanouir, se souvient Tiberghien. Ce fut pour beaucoup d’entre nous comme un jet de lumière. »
Très clairement cette notion de transformation du milieu a été la clé qui a permis à Tiberghien de comprendre la JOC. Les jeunes travailleurs étaient effectivement engloutis dans le monde brutal des usines. Comme le Pape Pie XI devait l’écrire dans Quadragesimo Anno, « la matière inerte sort ennoblie de l’atelier tandis que les hommes s’y corrompent et s’y dégradent ». Dans une perspective thomiste, cette dégradation empêche « l’épanouissement de l’homme » qui, comme l’écrit le philosophe américain Joseph Wawrykow, était « l’entreprise centrale de Thomas d’Aquin. »26 Ayant saisi cela Tiberghien s’en est retourné à Lille pour y devenir l’un des plus solides avocats de la JOC et des autres mouvements d’action catholique spécialisés qui commençaient à se répandre en Belgique.
Cardijn reconnaissait d’ailleurs s’être inspiré de Tiberghien pour forger sa phrase célèbre : « il faut changer l’eau dans laquelle nage le poisson, plutôt que de le retirer de l’eau où il vit. Retirez le de l’eau et il mourra !27. « La JOC en effet ne retire pas ses militants du milieu, répétait-il en 1946, car comme le dit le Chanoine Tiberghien, ‘elle ne veut pas retirer le poisson de l’eau, mais elle veut purifier celle-ci’. »28
En tant que théologien moral et philosophe thomiste, Tiberghien était évidemment familier des analyses de Saint Thomas inspirées de l’aristotélisme et fondées sur les trois aspects de la vertu de prudence qu’Ollé-Laprune résumait sous les termes de « voir clair, bien juger et conclure ». Une méthode qu’en 1916, dans son livre La philosophie morale de Saint Thomas d’Aquin, le conseiller du Sillon et philosophe Antonin Gilbert Sertillanges résidant alors au Saulchoir, à Kain, de l’autre côté de la frontière belge, décrivait sous les termes de « chercher conseil, juger et agir ».29
Tiberghien saisissait les racines philosophiques de la méthode de la JOC qui, à partir de 1925, commençait à être caractérisée par la formule du « voir, juger, agir ». Il a alors commencé à réinterpréter la devise de l’ACJF « piété, étude, action » en termes jocistes en s’éloignant de l’orientation doctrinale qui avait jusqu’alors prévalue : « Va-t-on, demandait-il, étudier la vie réelle pour voir ce qui s’y passe et la réformer 30 ? »
Convaincu par ce qu’il avait découvert, Tiberghien était devenu un apôtre passionné de la JOC : « En pleine assemblée, j’entends encore le chanoine Tiberghien, de Lille, interpeller le chanoine Leynaud, de Caen, se souvient l’évêque Georges Béjot, ancien aumônier de la JOC de Belfort. Alors, Père Leynaud, avez-vous fait le plongeon?… Il fallut attendre l’année suivante pour avoir une réponse positive 31. »
Théologien de l’Action Catholique Spécialisée
Cardijn, qui préférait toujours mettre l’accent sur le positif, appréciait les travaux de Tiberghien et il le citait régulièrement dans le bulletin de l’aumônerie jociste, Notes de Pastorale Jociste. On le voit, par exemple, s’appuyer sur une critique de Tiberghien à l’encontre d’une conception de la JOC qui aurait pour objet « la perfection de la vie chrétienne et la défense légitime des droits de l’Eglise 32. » En fait, insiste Tiberghien dans cet article, une authentique Action Catholique telle que la préconise Pie XI consiste à « conquérir des milieux laïcs, où le prêtre n’est pas et où seuls les laïcs peuvent agir ».
Pourtant, comme le remarquera plus tard l’aumônier québécois Roland Potvin, Tiberghien semblait encore interpréter la définition fameuse de l’Action Catholique de Pie XI comme « une participation du laïcat à l’apostolat hiérarchique de l’Eglise » dans le sens étroit d’un prolongement de l’apostolat hiérarchique.33 « Pour tous ces auteurs, l’AC ou l’apostolat du laïcat, n’est pas un apostolat propre, spécifiquement différent de l’apostolat proprement hiérarchique : pour eux, il n’y avait donc dans l’Eglise qu’un apostolat, celui de la hiérarchie, et tout autre forme d’activité apostolique n’était envisagée que sous l’angle de la hiérarchie, » indique Potvin, qui rappelle en contraste l’insistance de Cardijn sur le caractère propre et spécifique de l’apostolat du laïcat.
Ce n’était pas d’ailleurs la première fois que des réserves se manifestaient à propos de la théologie de Tiberghien, y compris pour son livre, L’Action catholique, Expériences passées, vues d’avenir, paru en 1945 34. Cardijn remarquait déjà à son propos « on m’avait prévenu contre sa publication 35. » Et même s’il « applaudissait sans réserve celui qui avait toujours été un exemple de franchise… et de compréhension réaliste, » il déclarait aussi devoir prendre ses distances avec sa conception de l’Action Catholique36.
Pour Tiberghien, l’Action Catholique était d’abord « d’ordre essentiellement religieux37 ». Mais Cardijn rejetait ce type de limitation. « Je n’écrirai jamais, affirme-t-il, à l’Action Catholique l’apostolat ; aux organisations civiles le temporel ». « Pour moi le domaine propre, le champ d’action de l’AC, c’est le temporel, la vie laïque, le milieu laïc, le régime laïc38 ». En 1951, dans une lettre « confidentielle » à l’archevêque de Cambrai, Emile Guerry, Cardijn exprime à nouveau des craintes similaires à propos de ce qu’il considère comme une exagération de la division entre les sphères du temporel et du spirituel chez Tiberghien39.
Tiberghien lui-même semble d’ailleurs faire allusion à ces disparités dans un article écrit en 1948 : « L’Action catholique renouvelle tous les problèmes qu’elle aborde et elle découvre immédiatement l’insuffisance des solutions dont on s’était contenté » écrit-il, avant de conclure : « Tous les problèmes sont soulevés; ils sont loin d’avoir été résolus. Le travail se fera lentement et la génération présente n’en verra pas la fin40 ».
Pierre Tiberghien continuera tout au long de sa vie de promouvoir la JOC et les mouvements d’Action Catholique spécialisée au développement desquels il avait grandement contribué. Il décédera le 4 novembre 1963, durant le Concile Vatican II, trop tôt pour constater que celui-ci adopterait une bonne partie des idées qu’il avait défendues.
3. Palémon Glorieux (1892 – 1979) . De la JOC à Vatican II
Ce sera un jeune collègue de Tiberghien, Palémon Glorieux, neveu de Mgr Glorieux, l’un des « italiens de Tourcoing », qui prendra le relais pour devenir l’un des avocats les plus acharnés de ses idées au Concile.
Né à Bray-sur-Somme le 8 mars 1892, Glorieux, comme Tiberghien, a fait ses études secondaires au collège du Sacré-Cœur de Tourcoing. Il lui a succédé à Rome au Séminaire Français puis à la Grégorienne où il a obtenu un doctorat en Philosophie et en Théologie.
Ordonné en 1915, il a été exempté de service militaire à la suite de problèmes cardiaques. Ne pouvant retourner à Lille du fait de la guerre il a été nommé vicaire à la paroisse populaire de Notre-Dame du Rosaire à Paris pour une première mission en classe ouvrière. Là, comme l’indique l’abbé Gérard Mathon au cours de son oraison funèbre en 1979, « avec 25 ans d’avance, » il a fait « la même expérience crucifiante que celle de l’abbé Godin, l’auteur, avec Yvan Daniel, du petit livre qui fera tant de bruit lors de sa publication en 1943, France, pays de mission ? 41 ».
Glorieux est retourné à Lille en 1919, où il a été nommé professeur de théologie au Grand Séminaire, en compagnie de deux futurs évêques et pionniers de la JOC, Louis Liagre et Achille Liénart.
Aumônier-fondateur de la JOCF
A la suite des visites de Six et de Tiberghien à la JOC belge en 1925 et 1926, Glorieux et Liagre ont établi un contact personnel avec Cardijn lors de sa visite à Lille en 1927, et, le 8 décembre, ils ont lancé à Lesquin ce qu’on considère être la première équipe de JOCF en France.42 Dans l’année qui suivit Glorieux devient le premier aumônier de la JOCF pour les fédérations de Lille et de Lille-ouest.
Glorieux a eu une immense influence sur ces premières militantes : « J’ai lu les témoignages de ces femmes dont il avait soutenu la foi et l’espérance, se souvient Mgr Leman lors de l’homélie de ses funérailles, ils montrent de façon bouleversante ce que la grâce sacerdotale est capable de réaliser chez un homme43. »
« A la JOC j’ai découvert le Christ, affirme un témoignage cité par Mgr Leman, on sentait quand Mgr Glorieux nous en parlait que c’était pour lui quelqu’un de vivant. Alors la confiance a remplacé la crainte et cette certitude de l’amour de Dieu est restée pour moi la grande cause de paix et de joie de ma vie. »
Le théologien dominicain Marie Dominique Chenu se souvenait avec affection de l’activité de Glorieux qu’il décrit comme « un charisme de l’Esprit-Saint au travail dans l’Eglise ». Ceci à un moment où la JOC était encore « quelque peu suspecte, même en Belgique, avec Cardijn »… « Qu’on me permette, poursuit Chenu, d’évoquer la journée où, en 1930, la toute première équipe des aumôniers de la JOC, alors en construction dans le Nord, vint demander accueil et conseil au couvent du Saulchoir, Se trouvaient là, avec Glorieux, les Pères Liagre, Dewitte, Tiberghien, et le Père Guérin qui était venu exprès de Paris. Le souvenir reste encore vif en moi, note-t-il, de l’immédiat saisissement de notre communion, dans une intuition dont nous devions peu à peu mesurer la radicalité et la portée. Rencontre aujourd’hui banalisée, mais alors toute neuve… Et c’est grâce à cette conjoncture, ajoute Chenu, que j’ai discerné, en mon ami Mgr Glorieux, toujours si discret sur lui-même, le lien entre le théologien, le médiéviste et l’aumônier de JOC ».44
Théologien de la JOC
C’est, de fait, en tant que théologien de la JOC que l’impact de Palémon Glorieux sera le plus important. Dans une série d’articles de La lettre des aumôniers de la JOC française, il développe l’esquisse d’une théologie du laïcat. Ces articles seront bientôt réunis pour constituer une série de livres. Le premier, Corps mystique et apostolat, publié en 1933 a été traduit en de nombreuses langues, il sera suivi de bien d’autres, qui seront traduits jusqu’en chinois ! (Le Christ et sa religion, Paul apôtre du Christ Jésus, Notre chef le Christ, Sois fier ouvrier) et en polonais (Paul apôtre du Christ, Pour mieux servir). Une version anglaise de ce dernier livre, Apostles of the Front Lines, publiée chez Louis Putz CSC, aura une immense influence aux Etats Unis.
« Minces par le volume et simples d’accès, ces livres ont rencontré un grand succès » se rappelle Mathon.45.« Leurs objectifs étaient très divers car les besoins de formation demandaient des outils adaptés … Aux jocistes qui, comme beaucoup de laïcs alors, ignoraient l’Ecriture, étaient destinées des présentations de l’Ancien Testament (Fils de David, fils d’Abraham), des évangiles (Notre chef le Christ), du corpus paulinien (Paul apôtre de Jésus-Christ), de la communauté primitive (Vu et vécu : L’Église en ses premiers débuts). Pour eux, dont tout le bagage religieux se bornait aux réponses du petit catéchisme, s’élaborait également une présentation générale de la foi et du sens qu’en acquiert l’existence : Enfant de Dieu, membre du Christ, Sois fier ouvrier ou Paysan, tu es fils de Dieu, » explique Mathon.
D’autres livres visaient les aumôniers jocistes : « Notre idéal sacerdotal à nous anciens jocistes, c’était d’être toute notre vie aumôniers jocistes, déclare Félix, un dirigeant jociste devenu prêtre. Nous étions influencés fortement par les publications de l’un de nos professeurs, l’abbé Glorieux : Paul, apôtre du Christ, Corps mystique et apostolat…46 » . On peut considérer que Ars artium est un véritable manuel pour aumôniers, tandis que Dans le prêtre unique présente une théologie du sacerdoce des laïcs – que Glorieux préférait appeler « le sacerdoce de tous les baptisés. »
« Glorieux s’efforce toujours d’aborder les questions en établissant à chaque fois le nouveau cadre ecclésiologique qui seul peut en rendre compte, » commente Mathon. En effet, « l’apparition et le développement de l’Action catholique spécialisée ne pouvaient que bouleverser les schémas ecclésiologiques selon lesquels la plupart des prêtres avaient alors été formés47 ».
Certains petits livres comme Pour commenter l’Evangile, présentaient une série de questionnaires sur les textes évangéliques les plus célèbres ; d’autres comme Sois fier ouvrier développaient une théologie de la dignité humaine très proche de celle de la première partie de Gaudium et spes. Des livres comme Dans le prêtre unique (1938) ou L’Église à l’œuvre (1939) anticipaient Vatican II, note Mathon, et « posaient déjà quelques-uns des problèmes qui constitueront autant de points chauds au Concile : « rapports du sacerdoce commun de tous les fidèles et du sacerdoce ministériel, articulation des structures traditionnelles (paroisses-œuvres) et des mouvements. »
L’historien Louis Preneel reconnait à Glorieux une influence majeure sur la théologie de Cardijn, en particulier par ses articles sur Le problème de l’Eglise, publiés dans La Vie intellectuelle en 1929 (t. 2, p. 196-218 et 964-986, t. 3, p. 452-472)48; ou ceux de la Lettre aux aumôniers de 1934 qui furent republiés sous le titre de Corps mystique et apostolat, et que Cardijn a souvent utilisés. « C’est sous leur inspiration, écrit Paul Wynants, que Cardijn énoncera, en 1935, les « trois vérités » qui éclairent le problème de la jeunesse ouvrière mondiale49 ». Les travaux de Glorieux ont eu une énorme influence sur Cardijn, ainsi que, nous le verrons plus loin, sur l’élaboration de Gaudium et Spes.50
Comme il convenait sans doute, le dernier livre de Glorieux directement lié à la JOC a été une biographie de Henri Godin qu’il a écrite en 194651. Ici encore, comme Tiberghien, Glorieux avait été l’enseignant de Godin à l’Ecole Missionnaire et il avait été tout comme lui profondément impressionné par son illustre étudiant.
Théologien conciliaire
Parallèlement Glorieux a poursuivi des recherches novatrices sur la théologie médiévale. Ses prises de position lui attiraient parfois la foudre de la part de ses collègues mais la protection de Liènart lui évitait des problèmes majeurs avec le Saint Office… Il est finalement devenu le doyen de la faculté de théologie de Lille en 1943, avant d’être nommé recteur de l’institut catholique en 1949 – un poste qu’il occupera jusqu’en 1958.
Il poursuivit ses recherches sur les thèmes de l’apostolat des laïcs et de l’action catholique, dans des livres comme L’appel universel de l’Église en 1944 ou, en préparation du concile, dans Laïc dans l’Église, en 1960, où il développe le concept du ‘sacerdoce des laïcs’ et celui du ‘peuple de Dieu’, bientôt suivi, en 1963 par son traité, Nature et mission de l’Église : un guide pour l’étude de l’Eglise à propos duquel Mathon note “une consonance assez remarquable dans la dernière partie de ce livre avec les thèmes qui en 1964 et 1965 seront parmi les plus chauds de l’activité conciliaire : L’Église et les Eglises chrétiennes ; L’Église et les religions non-chrétiennes ; l’Eglise face à la société civile (problématique traditionnelle) et face à la culture et au progrès (une nouveauté qu’enregistrera la Constitution Gaudium et Spes)52 ».
A l’ouverture du concile en octobre 1962, Liénart engagea Glorieux comme conseiller et secrétaire personnel. Bien qu’il soit difficile de distinguer l’apport de Glorieux de celui de Liénart, un des comptes rendus en début du concile propose que le schéma sur l’Eglise dans le Monde puisse souligner ‘la dignité de l’homme’ en tant que ‘Fils de Dieu’, ‘créé à l’image de Dieu’, appelé à participer à la nature divine. Le schéma, suggère le compte-rendu, devrait expliquer ‘l’origine et destinée’ de l’homme, sa vocation à se développer, à se multiplier et à gouverner la terre à la lumière de son ultime ‘vocation surnaturelle’.53 Autant de similarités frappantes avec les idées de Glorieux qui avaient tant influencé Cardijn !
Au cours du Concile, alors qu’il est marginalisé par son propre évêque, le Cardinal Suenens, Cardijn n’hésite pas d’ailleurs à faire encore appel à Glorieux et au Cardinal Liénart pour faire passer son message et défendre le modèle de la JOC54. Ainsi, tout comme Fernand Bouxon, ce pionnier de la JOC lilloise qui avait transporté la JOC « des faubourgs de Lille jusqu’au Palais Bourbon, » Palémon Glorieux a-t-il transporté la théologie de la JOC des paroisses populaires de Lille jusqu’à la Basilique St Pierre !
Conclusion
Pierre Tiberghien et Palémon Glorieux, au travail avec Cardijn, la JOC, l’Ecole Missionnaire du Travail, la Catho de Lille, et bien d’autres intellectuels lillois comme Eugène Masure, Roger Hasseveldt, Pierre Bayart, Joseph Delos, et bien sûr le Cardinal Liénart, ont ainsi contribué, après être passés du Sillon à l’ACJF et à la JOC, à faire du diocèse de Lille un centre de rayonnement de l’Action catholique spécialisée, non seulement pour la France mais pour l’ensemble du monde.
Stefan Gigacz
1Achille Liénart, Hommage au Cardinal Cardijn, 27 mars 1966: Archives Cardijn, n° 1086 : http://testimonies.josephcardijn.com/1966—hommage-a-cardijn
2Yves-Marie Hilaire, « Les abbés Six et Vanneufville et la revue La Démocratie Chrétienne (1894-1908) », Revue du Nord (1991), p. 290-291.
3Stefan Gigacz, « 25 août : l’héritage du Sillon et la JOC », Cahiers de l’atelier n° 526, juillet-août 2010.
4« Le Sillon et l’alliance des Maisons d’Education Chrétienne », La Démocratie Chrétienne, octobre 1903, n° 6, p. 328-329.
5 Jim Kennedy, « L’Association catholique de la jeunesse catholique dans le diocèse de Lille », Revue du Nord, 1978 T. 208, p. 90.
6Joseph Cardijn, « Bienvenue à Marc Sangnier » (5 février 1921):http://www.josephcardijn.fr/welcome-to-marc-sangnier
7Selon un coupure de presse trouvée dans un exemplaire de La vie et doctrine du Sillon appartenant à Cardijn – Bibliothèque Cardijn conservée à l’Université Catholique de Louvain la Neuve.
8Ibid.
9Pie X, « Notre Charge Apostolique », 25 août 1910:http://le.sillon.net/our-apostolic-mandate
10Nadine-Josette Chaline, « Le catholicisme social dans le Nord au début du XXe siècle », Revue du Nord (1991), p. 309.
11Joseph Cardijn, « Mgr Vanneufville et la JOC », 1963: http://www.josephcardijn.fr/1963—vanneufville-et-vermeesch
12Nadine-Josette Chaline, op. cit., p. 307.
13André Caudron, Lille Flandres, Dictionnaire du Monde Religieux dans la France Contemporaine, Beauchesne, Paris, 1990, p. 446-447; « Jules Tiberghien », Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Tiberghien https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Tiberghien
14André Caudron, op. cit., p. 259-260.
15Pierre Bayart, Souvenirs in A la mémoire de Monseigneur Pierre Tiberghien (1880-1963), s.d., p. 6-7.
16Jim Kennedy, op. cit., p. 88.
17Sur la création de l’Ecole des missionnaires du travail de Lille, voir la contribution de Christophe Bellon dans le présent ouvrage.
18André Caudron, op. cit., p. 448.
19Pierre Bayart, op. cit., p. 9.
20Pierre Tiberghien, « Mes cinquante ans de vie sociale, Un témoignage », La Chronique Sociale, n° 2, avril 1952.
21Pierre Bayart, op. cit, p. 10.
22André Caudron, op. cit., p. 448.
23Jim Kennedy, op. cit., p. 88.
24Ibid., p. 95.
25Pierre Tiberghien, op. cit., p. 3.
26Joseph Wawrykow, Aquinas on Human Flourishing, NDIAS Quarterly, 2011: https://ndias.nd.edu/news-publications/ndias-quarterly/aquinas-on-human-flourishing/
27Romeo Maione, Discover Cardijn, 1982:http://www.josephcardijn.com/discover-cardijn
28Joseph Cardijn, Le problème du milieu, Rome, CIP, avril-mai 1946, Archives Cardijn, n° 1839
29Antonin Delmace Sertillanges, La philosophie morale de Saint Thomas d’Aquin, 2e édition, Félix Alcan, Paris, 1922, p. 218.
30Pierre Tiberghien, L’Action Catholique, Expériences passées vues d’avenir, Lille, Editions Comprendre, 1945, p. 18-19.
31Georges Béjot, Un évêque à l’école de la JOC, Paris, Editions ouvrières, 1978, p. 37.
32Pierre Tiberghien, « Une mauvaise définition de l’Action Catholique », Notes de Pastorale Jociste, novembre 1933, p. 22-23. Extrait de Pierre Tiberghien, Comment on noie le poisson, Nos œuvres, 6 juillet 1933.
33Roland Potvin, « Le contenu propre de l’Action catholique », Action catholique ouvrière, juin 1952, p. 236-237.
34Pierre Tiberghien, L’Action catholique, Expériences passées vues d’avenir, Editions Comprendre, Lille, 1945, p. 254.
35Joseph Cardijn, « L’Action catholique, » Notes de Pastorale Jociste, février-mars 1946, n° 3, p. 59-60.
36Ibid.
37Pierre Tiberghien, op. cit., p. 254.
38Joseph Cardijn, op. cit. « L’Action catholique ».
39Joseph Cardijn à Mgr Emile Guerry, 25/10/1951, Archives Cardijn, n° 1086.
40Pierre Tiberghien, « L’Action catholique : expériences, vue d’avenir », Notes de Pastorale Jociste, août-septembre 1948, p. 170.
41Gérard Mathon, « Eloge funèbre de Mgr Glorieux », Eglise de Lille, n° 14, 20 juillet 1979, p. 324.
42André Caudron, op.cit., 260.
43Mgr Leman, « Homélie aux funérailles de Mgr Glorieux », Eglise de Lille, N° 14, 20 juillet 1979, p. 321-323.
44Marie Dominique Chenu, « Témoignage: la ferveur des renouveaux », Mélanges de Science Religieuse, XXXVIIe année, n° 3, septembre 1980, p. 131-159.
45G. Mathon, « L’œuvre de Monseigneur Glorieux », Mélanges de Science Religieuse, XXXVIIe année, n° 3, septembre 1980, p. 153.
46Cf. Léon Noël Berthe, J.O.C. je te dois tout, p. 43, cité par Mathon, « L’oeuvre ».
47Gérard Mathon, op. cit., p. 154.
48Louis Preneel, “Kerkbeeld en kerkbeleving in de publikaties van Cardijn,” in Cardijn, un homme, un mouvement. Cardijn, een mens, een beweging. Handelingen van het colloquium. Actes du colloque Leuven/Louvain-la-Neuve, 18-19 novembre 1982, Leuven, 1983, p. 48-55.
49Paul Wynants, notice Cardijn Léon, Joseph, Marie. version mise en ligne le 2 décembre 2013, dernière modification le 18 juillet 2017: http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article150749.
50Stefan Gigacz, The Leaven in the Council: Joseph Cardijn and the Jocist Network at Vatican II, Ph.D. thesis, University of Divinity, 2018, Chapitre 9.
51Palémon Glorieux, Un homme providentiel : l’abbé Godin, Paris, Bonne Presse, 1946.
52Gérard Mathon, op. cit., p. 155.
53Cardinal Achille Liénart, « Rapport à la Commission de Coordination, 21/01/19630, » Achille Liénart, « Vatican II », Mélanges de Science Religieuse, volume 33, numéro supplémentaire, p. 90-92, 1976).
54Stefan Gigacz, The Leaven in the Council, op. cit., p. 205.